La poesía es premonitoria. Los refugiados de hoy en un poema de Albert Samain (1858-1900)

Albert Samain, poeta simbolista francés, fallecido de tisis en 1900, a los 42 años, 220px-Albert_Samainparece que hubiera visto llegar los refugiados, los desposeídos, frente a la crueldad confortable de una Europa bienpensante y egoísta.

 

Pieds nus, manteaux flottants dans la brise, à l’aurore,

Tels, un jour, sont partis les enfants ingénus,

Le coeur vierge, les mains pures, l’âme sonore…

Oh! comme il faisait soir, quand ils sont revenus!

 

Pareils aux émigrants dévorés par les fièvres,

Ils vont, l’haleine courte et le geste incertain,

Sombres, l’envie au foie et l’ironie aux lèvres;

Et leur sourire est las comme un feu qui s’éteint.

 

Ils ont perdu la foi, la foi qui chante en route

Et plante au coeur du mal ses talons frémissants,

Ils ont perdu, rongés par la lèpre du doute,

Le ciel qui se reflête aux yeux des innocents.
Même ils ont renié l’orgueil de la souffrance,

Et la multitude au front bas, au coeur dur,

Assoupie au fumier de son indifférence,

Ils sont rentrés soumis comme un bétail obscur.

 

Leurs rêves engraissés paissent parmi les foules;

aux fentes de leur coeur d’acier noble bardé,

le sang altier des forts goutte à goutte s’écoule,

et puis leur coeur un jour se referme, vidé.

 

Matrone bien fardée au seuil clair des boutiques,

Leur âme èpanouie accueille les passants;

Surtout ils sont dévots aux seuls dieux authentiques,

Et, le front dans la poudre, adorent les puissants.

 

Ils veulent des soldats, des juges, des polices,

Et rassurés par l’ordre aux solides étaux,

Ils regardent grouiller au vivier de leurs vices

Les sept vipères d’or des péchés capitaux.

 

Pourtant, parfois, des soirs, ils songent dans les villes

Aux ceux-là qui près d’eux gravissaient l’avenir,

Et qui, ne voulant pas boire aux écuelles viles,

S’étant couchés là-haut, s’y sont laissés mourir;

 

Et le remords les prend quand, aux penchant des cimes,

Un éclair leur fait voir, les deux bras étendus,

Des cadavres hautains, dont les yeux magnanimes

Rêvent, tout grand ouverts, aux idéals perdus.

 

Albert Samain, La Symphonie HéroÏque

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2 comentarios en “La poesía es premonitoria. Los refugiados de hoy en un poema de Albert Samain (1858-1900)

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